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demanda l’Américain. Je ne sais si c’est une illusion d’optique, mais la terre me parait filer de plus en plus vite : nous devons aller à 23 mètres à la seconde, au moins… Qu’en dites-vous, commandant ?

— En termes d’aérostation, un vent de 25 mètres n’est qu’un vent violent, répondit le jeune homme : à cette allure, on ne fait que du 90 à l’heure. Un vent est dit « de tempête » quand sa vitesse va de 25 à 30 mètres à la seconde, et dans ce cas, il fait au maximum 108 à 110 kilomètres à l’heure. C’est dans un courant de cette nature que nous avons dû franchir la mer du Nord, Mlle de Soignes et moi. Enfin, il y a des vents plus violents encore…

— Faisant plus de 110 kilomètres à l’heure ? s’exclama l’Américain.

— Arrivant à 150. Ce sont les vents dits « d’ouragan ». Ceux-là marchent à raison de 41 à 42 mètres à la seconde ; or, il me semble bien que nous sommes plutôt dans un vent « d’ouragan » que dans un vent de « tempête ».

— Ainsi nous pourrions franchir les 1.500 kilomètres qui nous séparent de la Sibérie en dix heures seulement ?

— Oui, si nous filions en ligne droite. Mais il est à remarquer que les vents du Pôle sont souvent animés de mouvements de giration autour de l’axe terrestre. Ainsi, les deux bouées laissées par Andrée et retrouvées en des lieux assez éloignés de son point de départ et de la direction originelle du courant qui l’emportait, prouvent qu’au début tout au