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loigna d’une cinquantaine de mètres, reste un instant en observation et revint en déclarant :

— Le vent vient du Groenland.

Un pli profond barra le front du jeune officier. C’était, avec celle du Spitzberg, la direction qu’il redoutait le plus.

Car il y avait d’abord la haute paroi à franchir sans heurt, et de l’autre côté, c’étaient les immenses espaces inconnus qui s’étendaient jusqu’au détroit de Behring…

— Docteur, voyez-vous la nacelle se soulever ?…

— Non. L’extrémité du trépied de sustentation s’est taillé un logement dans la glace. Je ne constate aucun soulèvement.

Quelques gouttes de sueur perlèrent au front de Georges Durtal, aussitôt transformées en stalactites de glace. La nacelle ne se soulevait pas encore et il restait trois personnes à embarquer… La force ascensionnelle était encore insuffisante.

Sir James, hâtivement, vissait le quatrième tube. L’avant du ballon reprenait son profil effilé en forme de bec.

Tout à coup, une angoisse traversa Georges Durtal.

Et si tout d’un coup l’aérostat s’enlevait, arrachant l’ancre que Bob Midi avait enfoncée avec soin dans une anfractuosité de la paroi glacée !…

C’était peu probable, étant donné le poids énorme des tubes pleins ou vides entassés dans la nacelle dont l’officier comptait se servir comme premier lest