Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

100 kilogrammes de lest et pour un seul guide-rope. Nous ne pourrions emporter aucune provision ; or, partir sans lest… c’est la chute à brève échéance.

Ce lugubre exposé avait rembruni tous les visages. L’Américain objecte :

— Comment tenir six dans la nacelle d’Andrée faite pour trois personnes ?

— Il le faudra bien, sir James. Trois hommes se tiendront sur le toit ; mistress Elliot et Mlle de Soignes resteront à l’intérieur avec le docteur…

— Alors, plus de direction ?… Nous nous livrons au vent… Et s’il se remet à souffler du Spitzberg, comme précédemment, c’est vers le détroit de Behring qu’il nous emportera.

— Mais nous en sommes à plus de 2.000 kilomètres, murmura le docteur.

— Et quel secours espérer là-bas ? poursuivit le milliardaire. C’est le complexe de nos îles américaines, îles de Grant, de Bank, de Melville et de Victoria ; de l’autre côté ce sont les îles de la Nouvelle-Sibérie, la Terre de Wrangel : tout cela est inhabité.

Tout le monde comprenait enfin la gravité de la situation. Dans une dernière argumentation appuyée sur les chiffres précis qu’il tira de son calepin, Georges Durtal démontra qu’il n’y avait pas à hésiter. Avec la nacelle d’Andrée, on pouvait suspendre aux agrès et au panier lui-même 1.9.00 kilogrammes de lest, permettant un séjour en l’air de trente à quarante heures.

Avec la nacelle du dirigeable et son poids formi-