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regard et sans vie, regagner avec elle les régions de la vie et du bonheur…

Il allait tout tenter pour cela.

— Il m’est impossible, avec les moyens dont je dispose, fit-il, de démonter la machine ; elle fait corps avec la nacelle ; elle est partie intégrante de son bâtis. Il faut donc nous débarrasser de la nacelle elle-même.

Tout le monde se récria, et cette déclaration fit l’effet d’une douche sur le docteur Petersen.

— Et mon instrument ?

— Vous pouvez à l’avance le faire déboulonner, et, quand vos observations seront terminées, le faire transporter dans la grotte, ou d’autres, un jour, le trouveront comme un témoignage de notre passage. Nous ne pouvons songer à l’emporter, puisque, si nous voulons repartir, il nous faut, je vous le répète, sacrifier la machine et la nacelle elle-même.

— Mais alors, où nous installer ? demanda mistress Elliot consternée.

— Dans la nacelle d’Andrée, que nous allons substituer à la nôtre, ce qui n’est pas un mince travail. Autant que j’ai pu en juger, notre force ascensionnelle est tombée de moitié ; elle n’est plus que de 3.500 à 3.800 kilogrammes. Or, l’aérostat, la machine et le gréement comptent ensemble pour 2.872 kilogrammes. Avec les 400 kilogrammes d’essence qu’il faudrait y joindre et les 468 kilogrammes que nous représentons à nous six, il ne nous resterait plus place, si nous partions avec la machine, que pour