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voûte le traîneau d’Andrée qu’il venait de découvrir dans une anfractuosité de la grotte.

— Que dites-vous de mon idée ? fit-il. Ce traîneau, fort bien conditionné, ne pourrait-il être remorqué par le nôtre ? Nous arriverions ainsi beaucoup plus rapidement jusqu’au Patrie.

Le jeune officier convint que l’idée était des plus heureuses, mais il ajouta qu’il fallait la mettre de suite à exécution, car il redoutait par-dessus tout une de ces tempêtes subites qui, dans les régimes arctiques, succèdent presque invariablement aux grands calmes.

— J’aurais pourtant bien voulu faire l’inventaire complet de ce réduit, objecta le milliardaire. Jugez de l’intérêt qui s’attachera au moindre des détails que nous découvrons ici ! Ainsi, par tous ceux que j’ai pu relever, je puis déjà certifier qu’Andrée et son compagnon sont restés ici plusieurs mois.

— D’où vient cette certitude ?

— Du travail qu’ils ont accompli : il y là, au fond de ce couloir, deux appendices creusés à droite et à gauche et qui, autant que j’ai pu en juger, devaient leur servir de garde-manger. Dans l’une de ces cavités, il y a deux peaux d’ours et une de renard argenté, recouvrant des instruments de météorologie et je ne sais quoi encore. Ils ont donc vécu un certain temps de leur chasse et, comme ils étaient partis avec des provisions pour quatre mois, je ne serais nullement surpris qu’ils aient fait ici un hivernage de huit à dix mois, peut-être davan-