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quoique faite de reflets, leur gonflait le cœur à l’avance.

Ils ne se disaient pas que le retour leur était fermé, que, comme Andrée, ils allaient finir là, que leur ballon n’était plus qu’une épave impuissante comme l’Aigle parti de Virgo-Bay. Ils ne se disaient pas tout cela. Une mystérieuse émotion les étreignait tous quatre, et ils jetaient autour d’eux des regards étonnés, investigateurs, comme s’ils se fussent attendus à voir surgir, au sommet de cette falaise, l’un des survivants de l’expédition suédoise.

Mais rien, dans le paysage glacé, qui commençait à se rayer de flocons blancs, n’indiquait de vestige humain. Ce monticule de neige, sur lequel ils trouvaient hissé le mystérieux pavillon, devait être un bloc de glace détaché de cette falaise qui barrait l’horizon. Sans doute Andrée l’avait choisi pour y signaler son passage, parce qu’abrité par le talus escarpé de ce glacier-muraille, il serait préservé des tempêtes polaires et des amoncellements de neige qui l’eussent enseveli ailleurs.

À son tour, l’Américaine voulut toucher la précieuse relique.

Non sans peine, elle commença l’escalade du « hummock ».

Car il apparaissait évident à tous quatre que ce point était le Pôle ; qu’il était inutile, et d’ailleurs impossible, à cause de la falaise, d’aller le chercher plus loin.

Or, mistress Elliot, bien que déçue plus que tout