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Ils écoutèrent quelques minutes encore. Plus de doute ! les détonations rapides et bruyantes du moteur à pétrole se faisaient plus distinctes ; le traîneau venait à eux, et, pour lui signaler la bonne direction, Georges Durtal tira un coup de fusil en l’air.

Dix minutes se passèrent, pendant lesquelles deux autres coups de feu furent tirés, puis une ombre surgit au sommet d’un pli neigeux, et le petit véhicule grossit rapidement.

Il glissait avec une remarquable aisance, escaladant les ondulations du sol sans ralentir, pendant que sur les côtés ses palettes faisaient voltiger la neige.

Les mains sur un petit volant très bas, les pieds sur la pédale d’embrayage, le teint animé, Christiane fit un geste triomphant de la main, et mistress Elliot, accroupie derrière elle, cria de sa voix de tête :

— James ! Nous voici, James !…

— Elles ont trouvé la solution, fit l’Américain en allant au-devant des deux intrépides voyageuses. Maintenant qu’elles sont là, nous n’avons plus de raison de ne pas aller jusqu’au bout.

Un instant après, la jeune fille débrayait à quelques mètres des deux hommes, sautait légèrement dans la neige et joyeusement :

— C’est ici le Pôle Nord ? demanda-t-elle.

Puis interrogeant du regard son fiancé et remarquant qu’il avait toujours le pavillon du Patrie roulé autour de la taille :

— C’est plus loin, Georges ?…