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Non, car Georges Durtal venait de compter 3.400 pas : il était à peine à moitié chemin. C’était un cri de détresse…

Et l’officier précipita sa course.

Maintenant, le champ de glace qui l’entourait devenait rugueux. Ses ondulations rappelaient l’aspect des champs couverts de neige, quand la bise en a plissé le manteau grenu et cristallin. C’étaient des ondulations à larges plis, se creusant comme des vagues solidifiées, et Georges Durtal, se rendant compte qu’il pouvait passer près de son compagnon sans le voir, scruta plus attentivement encore la trace de ses pas.

Or, d’autres empreintes se mêlaient maintenant à celles qu’avaient tracées jusque-là les lourdes chaussures fourrées de l’Américain.

Et Georges Durtal frémit en les examinant de plus près, car, à n’en pas douter, elles provenaient d’un plantigrade de grande taille : la paume de la patte atteignait 70 à 80 centimètres de circonférence, etil n’y avait qu’un animal de cette famille, dans ces régions arctiques, c’était l’ours blanc, dernier représentant des espèces quaternaires dont on retrouve les squelettes dans les glaciers de l’Europe centrale.

La disposition des empreintes indiquait clairement que le redoutable animal était arrivé derrière l’homme et l’avait suivi sans qu’il s’en doutât.

La neige est un tapis merveilleux pour étouffer le bruit des pas, et sans doute le monstrueux animal avait pu se jeter sur sir James Elliot à l’improviste,