Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tenant, ma vie, c’est vous, mon ambition, c’est vous…

Mais elle l’interrompit, et de nouveau pressante, enfiévrée, les yeux brillants, elle lui montra le Nord.

— Non, Georges, votre ambition doit être là-bas… Il faut y aller… Ne me parlez plus d’autre chose. En ce moment, je ne vous comprendrais pas. Quand vous reviendrez, je vous dirai, moi aussi, tout ce que j’ai là pour vous… pas avant… Partez, je vous en conjure, il n’y a plus une minute à perdre.

Elle lui avait pris les mains et, sous les gants d’épaisse fourrure, il sentait la pression nerveuse de ses doigts.

— Plus une minute à perdre, répéta-t-elle en martelant ses mots. Il faut le rejoindre… je le veux !

Elle avait ôté son lourd manteau, son passe-montagne et, cambrée dans une attitude volontaire, elle apparaissait casquée de blond, comme une jeune déesse de la région des neiges.

Il ne résista plus.

— J’obéis encore, fit-il, mais je commets pour vous obéir une imprudence capitale, car il se peut qu’en mon absence le vent se lève, et alors, nulle force au monde ne l’empêcherait d’entraîner l’aérostat… Or, si vous étiez dans la nacelle, je ne vous retrouverais plus ici… Promettez-moi de n’y pas monter…

— Je vous le promets.

— Tâchez de décider mistress Elliot à faire dé-