Page:Driant-Un dirigeable au pôle Nord,1910.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mille mètres plus haut, nous devons trouver un ciel pur, et, par ce faible jour de l’été de six mois, l’étoile polaire sera visible à notre zénith.

— Mais, docteur, intervint Georges Durtal, notre zénith à nous, c’est le plafond du Patrie… Il nous cachera l’étoile polaire, et, à moins d’être juché là-haut sur la soupape, comme Bob Midy l’autre jour, nous ne la verrons pas.

Il y eut un silence. Le docteur n’avait pas prévu cette objection si simple, mais il ne se démonte point.

— Entendez-moi, fit-il. L’étoile polaire elle-même, nous ne la verrons pas, soit. Mais, scientifiquement, les observations que je ferai sur d’autres étoiles autour de la polaire auront une valeur équivalente. Si je rapporte par exemple une observation prouvant que j’ai vu à la même heure la Chèvre, de la constellation du Cocher, et Alpha, du Cygne, à la même hauteur zénithale, ou encore Argol, de Persée, à la même hauteur que Wega, de la Lyre, le monde savant ne pourra douter de notre passage au Pôle, puisque c’est du Pôle seulement, et de nul autre point du globe, que l’on peut faire cette constatation. Partout ailleurs, ces étoiles sont, pour l’observateur, à des hauteurs zénithales différentes.

— Si vous croyez cette démonstration réellement nécessaire, sir James, fit Georges Durtal, je puis essayer de dominer cette brume qui, en effet, ne peut avoir une bien grande épaisseur.

— Je m’en rapporte au docteur, fit l’Américain.