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Le convoi des captifs.
Le lendemain, la première lueur du jour réveille les noirs qui s’étirent, engourdis par la fraîcheur de la nuit, et se mettent aussitôt à manger ; les animaux à qui le mil est distribué, le broient avec un bruit de meule ; les cuisiniers des escouades font bouillir l’eau du café et les marsouins sortent de leur abri ; le petit village de toile disparaît en quelques instants, et souvent les tentes sont repliées et les sacs refaits avant que le clairon de garde ait sonné le « coup de langue » du réveil. Le soldat en colonne se couche de bonne heure et se lève de même.

C’est le moment où on bâte et où on selle les animaux ; les premiers jours surtout, l’opération se fait au milieu d’une confusion comme les noirs seuls savent en créer dans tout ce qu’ils font : c’est un bridon qu’on ne trouve pas, une corde de bât perdue, un mulet qui, blessé sur le dos, ne veut pas accepter son fardeau et rue désespérément. Puis les noirs reprennent leurs charges, et avant qu’ils soient partis et que le long serpent formé par la colonne ne soit étalé