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marchait sur Rome, que les Italiens voulaient enlever au Pape pour en faire la capitale de leur nouveau royaume.

En voyant les succès du grand condottiere, Victor-Emmanuel, ou plutôt Cavour, son fameux ministre, joignit ses troupes aux bandes garibaldiennes. Le Pape Pie IX avait alors, pour défendre la Ville éternelle, une garnison de volontaires français, belges, suisses et autrichiens qui, sous le nom de zouaves pontificaux, formaient une petite armée commandée par Lamoricière. Cette armée fut battue sans peine par les forces supérieures des Italiens, à Castelfidardo ; le général de Pimodan, un Français, y fut tué. Lamoricière, assiégé dans Ancône, capitula, et Napoléon III rappela son ambassadeur de Turin.

Tout ceci se passait en 1860 : voilà où on en était avec l’Italie, un an après Solférino. Déjà les Italiens regardaient comme une usurpation l’annexion à la France de Nice et de la Savoie, annexion faite quelques mois auparavant, et faite, remarquez-le bien, avec le consentement des populations de ces provinces.

Ce n’était pourtant qu’une faible compensation aux sacrifices de la France ; mais, aujourd’hui encore, vous entendrez nos alliés de 1859 réclamer, comme faisant partie du territoire italien, les trois départements qu’elles ont formés.

Rome seule, avec ses environs immédiats, resta au Pape, grâce à sa garnison française. Deux ans après, Garibaldi fit une nouvelle tentative pour s’en emparer, puis une troisième en 1867. Dans cette dernière, il fut battu par le général de Failly, à Mentana, où les Français expérimentèrent, pour la première fois, une arme se chargeant par la culasse, le fusil Chassepot.

Mais trois ans après, en 1870, lorsque l’heure des revers sonna pour la France, engagée dans sa terrible guerre contre la Prusse, Victor-Emmanuel, profitant de l’occasion, envahit Rome, s’en empara sans peine et la proclama capitale de l’Italie.

C’est depuis ce jour que, se considérant comme prisonnier dans son ancienne capitale et ne cessant de protester contre l’usurpation italienne, le Chef de la Chrétienté se tient enfermé, sans en sortir jamais, dans le palais du Vatican.

Voici, mes enfants, ce qu’a été l’histoire de l’Italie depuis le jour où Napoléon III, prenant son sort en pitié, amena nos régiments dans les