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Puis, le 26 janvier 1806, Napoléon revint à Paris, après avoir imposé aux vaincus le traité de Schœnbrün, et organisé dans son esprit la Confédération du Rhin, qui donnait le trône de Naples à son frère Joseph et celui de Hollande à son frère Louis.

Arrivé dans le rayonnement de sa gloire, l’Empereur reprit de suite en main la direction du gouvernement. Voulant exalter encore le respect et l’admiration pour l’armée dans l’âme du peuple, il ordonna que la Grande Armée, rentrant à Paris, y serait reçue au milieu d’une fête grandiose par les autorités parisiennes.

Ainsi Paris, représentant la France entière, devait fêter et remercier la nation elle-même dans sa plus noble et sa plus glorieuse incarnation : l’Armée.

Puis, profitant de la paix, l’Empereur, sans négliger ni ses soldats, ni les relations extérieures, tint à s’occuper des réformes pacifiques : il prescrivit dans Paris de grands travaux qui devaient commencer à modifier l’aspect de la grande ville.

Il fit continuer les quais sur la Seine ; il donna au pont du Jardin des Plantes le nom d’Austerlitz, et ce fut par son ordre qu’on commença celui qui devait porter et porte toujours le nom de Pont d’Iéna.

C’est à cette époque qu’on entreprit les travaux des canaux du Rhône, de l’Ourcq, de Saint-Quentin, de Bourgogne.

On perça des voies nouvelles, entre autres la célèbre route de la Corniche, allant de Nice à Gênes.

À Anvers (qui nous appartenait alors), on créa un arsenal.

À Paris même, avec les canons pris à l’ennemi, on commença la fonte de cette colonne fameuse que des générations ont saluée et salueront : la colonne de la Place Vendôme.

Puis Napoléon arrêta les projets des deux arcs de triomphe du Carrousel et de l’Étoile. Il désirait relier ce dernier monument à la place de l’Hôtel-de-Ville par une voie triomphale qui porterait le nom de Rue Impériale, et ce plan grandiose est, à l’heure actuelle, en partie réalisé par les Champs-Élysées, les jardins du Carrousel et le square du Louvre.

C’est de cette grande année 1806 que datent aussi pour nous la fondation de l’Université, du Conseil d’État, la réglementation de la Banque de France, l’achèvement des Codes français.