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« Vive la nation ! Vive la France ! Vive notre général ! »

Les soldats, empoignés par l’enthousiasme, mirent leurs chapeaux sur leurs baïonnettes pour imiter Kellermann ; la musique du Royal-Roussillon entonna le chant de l’armée du Rhin, et les âmes, exaltées dans ce moment solennel, se sentirent prêtes à tous les sacrifices.


Kellermann.
Les Prussiens entendirent ces clameurs de défi et un de leurs historiens les qualifia de « cris barbares indignes d’un peuple civilisé » !

Barbares ou non, ils produisirent sur les colonnes d’assaut prussiennes un effet extraordinaire. Ces dernières n’étaient plus qu’à douze cents mètres ; jusque-là, elles avaient marché avec cette précision qui avait fait la réputation des élèves de Frédéric le Grand. Les porte-drapeau, précédant les bataillons de douze pas, marquaient l’alignement des files et s’avançaient comme à la parade.

Massée sur les ailes, la cavalerie de Beyrouth, de Wolfradt et de Schmettau, suivait en échelons, prête à charger.

En entendant les cris qui partaient des lignes françaises, en voyant s’agiter cette forêt de chapeaux et de baïonnettes, la première ligne éprouva un moment d’hésitation.

Alors les artilleurs français, abandonnant l’objectif qu’ils avaient poursuivi jusque-là, c’est-à-dire l’artillerie ennemie, tournèrent leurs canons contre les trois colonnes d’assaut, maintenant à bonne portée, et les boulets, bien dirigés, emportèrent des files entières de grenadiers prussiens.