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de cette foule venue de tous les pays, il nous a été facile de dissimuler notre identité première.

« Le reste n’a pas besoin de se raconter. Nous nous sommes enrichis, nous avons voyagé et nous sommes revenus en Angleterre en nous faisant passer pour de riches colons, qui rentraient au bercail pour acheter des terres au pays natal. Pendant plus de vingt ans nous avons mené une vie paisible et relativement agréable ; nous avions tout lieu d’espérer que notre passé était à jamais enfoui dans l’oubli. Imaginez donc quelle fut mon émotion, quand je reconnus dans la personne qui vint un jour me voir en votre présence, un matelot, le naufragé que nous avions recueilli à la mer ! Il nous avait dépistés et venait faire du chantage à nos dépens. Vous comprendrez maintenant les efforts que j’ai faits pour vivre en paix avec lui, et vous compatirez à la terreur que je ressens, depuis qu’il est allé trouver, la bouche pleine de menaces, l’autre survivant du Gloria Scott. »

Au-dessus de ceci, une main tremblante a tracé d’une écriture à peine lisible, ces lignes : « Beddoes écrit en chiffre que H. a tout dit. Seigneur miséricordieux, ayez pitié de nous ! »

Tel est le récit que je lus cette nuit-là au jeune Trevor.

— Je pense, Watson, qu’entouré des circonstances que vous savez, vous le trouvez suffisam-