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est de me parler à cœur ouvert, insistai-je, Soyez tranquille, si votre fils est innocent, il ne lui arrivera rien de fâcheux.

« — Peut-être, Alice, ferais-tu mieux de me laisser en tête à tête avec monsieur », dit-elle. Sa fille se retira.

« — Non, monsieur, continua Mme Charpentier, je n’avais pas l’intention de vous raconter tout cela ; mais puisque ma pauvre fille a parlé, je n’ai plus à hésiter. Je vais tout vous dire, sans omettre un seul détail.

« — C’est ce qu’il y a de plus sage, dis-je.

« — M. Drebber a passé près de trois semaines chez nous. Lui et son secrétaire, M. Stangerson, venaient de faire un voyage sur le continent. J’ai remarqué que chacune de leurs malles portait une étiquette de « Copenhague » ; c’est donc là la dernière ville où ils avaient séjourné. M. Stangerson, était un homme calme, réservé ; mais son maître, j’ai le regret de le dire, était tout l’opposé. Grossier et brutal, voilà ce qu’il était. Le soir même de son arrivée il s’est grisé et je dois avouer que passé midi, il n’était plus jamais dans son état normal. Ses manières avec les servantes étaient d’une liberté et d’une familiarité repoussantes ; et, chose plus fâcheuse encore, il en vint bien vite à prendre la même attitude vis-à-vis de ma fille Alice. Plus d’une fois, il lui a parlé d’une façon que, Dieu