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murs. Je m’imaginais que Sherlock Holmes ne perdrait pas une minute pour se précipiter dans la maison et attaquer de front l’énigme qu’elle renfermait ; mais à mon grand étonnement, tout différente fut sa manière de procéder. Avec un air de nonchalance parfaite, que, vu la circonstance, je ne pus m’empêcher de prendre pour de l’affectation, il se mit à flâner sur le trottoir, allant et venant à petits pas et portant ses regards distraits tantôt vers le sol, tantôt encore vers les maisons en face ou vers les grilles qui servaient de clôture. Ce singulier examen terminé, il s’engagea lentement dans l’allée en ayant soin de suivre la bordure de gazon, les yeux attentivement dirigés vers la terre. Deux fois il s’arrêta, et je le vis même esquisser un sourire, tandis qu’une exclamation de satisfaction s’échappait de ses lèvres. Sur le sol détrempé, on pouvait voir de nombreuses traces de pas ; mais, étant données toutes les allées et venues des gens de la police, je n’arrivais pas à comprendre ce qu’Holmes espérait reconnaître dans ces empreintes. Malgré cela, connaissant sa promptitude à percevoir les moindres détails, je sentais qu’il découvrait une foule de choses intéressantes là où, pour ma part, je ne déchiffrais rien. Au moment où nous arrivions à la porte de la maison, nous vîmes un homme grand, à la figure pâle, aux cheveux blonds filasse, qui tenait un calepin à la main, se hâter à notre rencontre.