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très sanguin. Aussi ne craignis-je pas d’avancer que le criminel devait être un homme très fort avec une figure congestionnée. La suite a prouvé que je ne me trompais pas.

« En quittant la maison du crime, je cherchai à réparer les omissions commises par Gregson. Je télégraphiai au chef de la police à Cleveland en lui demandant simplement tout ce qu’il savait à propos du mariage d’Enoch Drebber. La réponse fut concluante. Drebber avait déjà, paraît-il, demandé à la justice de le protéger contre un ancien rival en amour nommé Jefferson Hope, lequel se trouvait actuellement en Europe. J’avais donc réuni dans ma main tous les fils du mystère, et il ne me restait plus qu’à m’assurer du meurtrier.

« Un point déjà me paraissait bien établi ; l’homme qui avait suivi Drebber dans la maison ne pouvait être que le cocher qui l’avait amené. Les pas du cheval indiquaient en effet qu’on l’avait laissé seul dans la rue, sans personne pour le garder, et qu’il en avait profité pour errer un peu. Or le conducteur n’avait pas pu aller ailleurs que dans la maison. D’ailleurs, comment supposer qu’à moins d’être fou, un homme aille de propos délibéré commettre un crime devant un témoin qui ne manquerait pas de le dénoncer ? Enfin, si quelqu’un voulait s’acharner sur la piste d’un ennemi, quel meilleur moyen aurait-il pour le suivre que de se faire cocher de