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sur ses gardes. Mais s’il croyait se mettre hors de ma portée en se tenant enfermé il se trompait étrangement. Je découvris facilement quelle était la fenêtre de son appartement et le lendemain matin, me servant d’une échelle qu’on avait laissée dans une ruelle derrière l’hôtel, je n’introduisis dans sa chambre à la pointe du jour. Je le réveillai alors en lui annonçant que l’heure était venue de rendre des comptes au sujet de son ancien crime. Puis je lui racontai la mort de Drebber et lui présentai une boîte de pilules. Au lieu de saisir la chance de salut que je lui offrais ainsi, il sauta de son lit et m’empoigna à la gorge. J’étais alors en cas de légitime défense et je lui plongeai mon poignard dans le cœur. Du reste, de toute manière, il devait mourir, car jamais la Providence n’eût permis que sa main criminelle vînt à choisir une autre pilule que celle contenant le poison.

« Je n’ai plus grand’chose à ajouter, et j’en suis bien aise, car je me sens épuisé. Après les événements, je continuai mon métier de cocher de fiacre, comptant amasser assez d’argent pour retourner en Amérique. Tout à l’heure j’étais dans la cour de mon patron, lorsqu’un gamin tout déguenillé vint demander s’il n’y avait pas là un cocher nommé Jefferson Hope, ajoutant qu’un client le priait de venir avec sa voiture, no 221, Baker Street. Je m’y rendis aussitôt sans la moindre méfiance, et quelques