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sur le rebord du précipice, puis vint s’écraser lourdement au fond de la vallée.

C’était un gibier trop gros pour pouvoir l’emporter tout entier ; aussi le jeune homme se contenta-t-il d’en couper un cuissot et de détacher le filet. Jetant son butin sur son épaule il se hâta de revenir sur ses pas, car le jour commençait à tomber. Mais il s’aperçut bientôt qu’il allait avoir d’autres difficultés à surmonter. Son ardeur, en effet, l’avait emporté bien au delà de la contrée qui lui était familière et il lui était presque impossible de reconnaître le chemin qu’il avait suivi. La vallée dans laquelle il se trouvait était coupée et enchevêtrée par plusieurs gorges qui se ressemblaient toutes tellement, qu’on ne pouvait les distinguer les unes des autres. Il en suivit une pendant plus d’un mille, mais elle l’amena à un torrent qui s’échappait de la montagne et qu’il était certain de n’avoir pas rencontré en venant ; reconnaissant son erreur il suivit alors un autre ravin ; le résultat fut le même. La nuit tombait rapidement et l’obscurité était presque complète lorsqu’il se retrouva dans un défilé qu’il reconnut enfin. Mais alors même il était difficile de suivre le bon chemin sans commettre d’erreur, car la lune n’était pas levée et les grandes falaises qui se dressaient de chaque côté rendaient les ténèbres plus épaisses encore. Pliant sous le poids de son fardeau, exténué de fatigue, il ne pouvait faire un pas sans