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À la tombée de la nuit ils choisirent une anfractuosité de rocher à l’abri du vent, et là, serrés les uns contre les autres pour mieux se garantir du froid, ils purent s’accorder quelques heures de sommeil. Mais avant le lever du jour ils étaient de nouveau en route. Rien jusque-là n’indiquait qu’ils fussent poursuivis et Jefferson Hope se prenait à espérer qu’ils avaient échappé enfin à leurs terribles ennemis. Il ne savait pas encore jusqu’où pouvait s’étendre la griffe impitoyable de cette association toute-puissante qui devait pourtant les étreindre et les broyer avant peu.

Vers le milieu du second jour leurs provisions commencèrent à s’épuiser ; mais un chasseur qui avait eu si souvent à ne compter que sur son fusil pour le nourrir et qui savait qu’on pouvait trouver du gibier dans ces montagnes, ne devait pas s’inquiéter pour si peu. Aussi Hope commença-t-il par choisir un endroit abrité ; après avoir fait une provision de bois mort, il construisit un bûcher sérieux dont la flamme réconfortante permit à ses compagnons de se réchauffer suffisamment. Ils se trouvaient en effet à une altitude de plus de cinq mille pieds et l’air commençait à mordre cruellement. Puis, les chevaux une fois entravés, et après avoir dit adieu à Lucy, il jeta son fusil sur son épaule et se mit en chasse, comptant sur son étoile pour lui faire rencontrer du gibier. À une certaine distance