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dans sa vie et que désormais ni mines d’argent, ni rien au monde, ne pourrait rivaliser à ses yeux avec les sensations nouvelles qui venaient de l’assaillir. Ce n’était plus un enfant capable de subir tout d’un coup les atteintes d’une passion déraisonnée ; c’était un homme au vouloir bien trempé, au caractère dominateur, et ce qui se manifestait ainsi chez lui, était un amour vrai, fier, sauvage. Jusqu’alors tout ce qu’il avait entrepris lui avait réussi. Aussi, jura-t-il, dans le plus profond de son cœur, de mettre tous ses efforts, toute sa persévérance à triompher, dans cette lutte d’un nouveau genre, des obstacles qui pourraient se présenter. Dans la soirée Jefferson Hope alla faire sa première visite à John Ferrier. Puis il y retourna si souvent qu’il devint bientôt un des habitués de la ferme. Depuis douze ans, John, emprisonné dans sa vallée, absorbé par son travail, n’avait guère prêté l’oreille aux nouvelles du monde extérieur. Jefferson Hope l’initia donc à tout ce qui pouvait l’intéresser et ses récits savaient captiver la fille aussi bien que le père. Il avait été pionnier en Californie et racontait d’étranges histoires sur les fortunes faites ou défaites en quelques mois dans ce pays de fièvre et d’aventures. Tour à tour il avait encore été chasseur d’Indiens, trappeur, prospecteur de mines, éleveur de bestiaux. – Partout où il y avait eu chance de courir des aventures hasardeuses, Jefferson Hope