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blonds flottaient sur ses épaules. Chargée par son père, ainsi qu’il le faisait souvent, d’une commission pour la ville, elle se hâtait avec toute l’insouciance de la jeunesse, ne songeant qu’à sa mission et à la façon de la remplir. Tous ces aventuriers la contemplaient avec stupéfaction et les Indiens eux-mêmes, malgré leur impassibilité naturelle, se départissaient de leur calme pour admirer la beauté de la fille des Visages pâles.

Elle allait atteindre les faubourgs de la ville, lorsque son chemin se trouva barré par un énorme troupeau de bestiaux que poussaient devant eux une demi-douzaine de bergers, à l’aspect sauvage. Dans son impatience, elle essaya de dépasser cet obstacle en s’engageant dans un espace libre. Mais à ce moment les bœufs se resserrant, l’emprisonnèrent au milieu d’eux et elle se trouva comme portée par ce flot mouvant d’animaux au regard farouche, aux longues cornes acérées. Habituée à vivre au milieu du bétail, elle ne s’émut pas de cette situation désagréable, mais elle se contentait dès qu’un vide se produisait devant elle, d’y pousser son cheval espérant parvenir ainsi à traverser tout le troupeau ; Malheureusement, soit hasard, soit méchanceté de la part de l’animal, un des bœufs porta un violent coup de corne dans le flanc de son cheval. Celui-ci, affolé, pointa tout d’un coup, en faisant entendre un hennissement de rage et de douleur, et se mit à bondir