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des faits pleins d’un jus savoureux, adressez-vous à vos baleiniers, à vos gens de la frontière, à vos éclaireurs, aux hommes de la Baie d’Hudson, des gaillards qui savent à peine signer leur nom.

Il y eut alors une pause, pendant laquelle master Jefferson Adams sortit un long cigare et l’alluma.

Nous observions un rigoureux silence, car l’expérience nous avait appris qu’à la moindre interruption notre Yankee rentrait aussitôt dans sa coquille.

Il regarda autour de lui avec un sourire d’amour-propre satisfait, et remarquant notre air attentif, il reprit à travers une auréole de fumée :

— Eh bien lequel de vous, gentlemen, est jamais allé dans l’Arizona ? Aucun, je parie.

Et parmi tous les Anglais et Américains qui promènent la plume sur le papier, combien y en a-t-il qui sont allés dans l’Arizona ? Bien peu, j’en suis sûr.

J’y suis allé, Monsieur, j’y ai vécu des années, et quand je pense à ce que j’y ai vu, c’est à peine si je me crois moi-même aujourd’hui.

Ah ! en voilà un du pays !

J’étais du nombre des flibustiers de Walker.

On avait jugé à propos de nous qualifier ainsi. Après que nous eûmes été dispersés, et notre