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jouions avec quelque adresse du revolver, de sorte que nous ne courions pas grand risque.

Nous restions là, à faire quelques besognes par ci par là, et à espérer des temps meilleurs.

Or, au bout d’un mois, il arriva un soir certaine chose qui commença à nous remonter un peu l’un et l’autre, et c’est de cette chose-là, Monsieur, que je vais vous parler.

Je m’en souviens bien.

Le vent hurlait autour de notre cabane et la pluie menaçait de faire irruption par notre misérable fenêtre.

Nous avions allumé un grand feu de bois qui pétillait et lançait des étincelles sur le foyer.

J’étais assis à côté, m’occupant à réparer un fouet, pendant que Tom, étendu dans la caisse qui lui servait de lit, geignait piteusement sur la malchance qui l’avait amené dans un tel endroit.

— Du courage, Tom, du courage, dis-je. Aucun homme ne sait jamais ce qui l’attend.

— La déveine, Jack, la déveine. J’ai toujours été le chien le plus déveinard qu’il y ait. Voici trois ans que je suis dans cet abominable pays. Je vois des jeunes gens qui arrivent à peine d’Angleterre, et qui font sonner leurs poches pleines d’argent et moi je suis aussi pauvre que le jour où j’ai débarqué. Ah ! Jack, vieux