Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/83

Cette page n’a pas encore été corrigée

mains la vie et la liberté de vingt-trois personnes. Ah! mon garçon; ce n'est pas de cette façon que sont faits les connaissements et les billets de chargement. Ce n'est point une cargaison de peaux flamandes qu'on envoie au vieux. Dans les peaux, il y a de braves coeurs anglais, et ils ont au poing des épées anglaises pour conquérir la liberté. Je risque ma vie en portant cette lettre à votre père, et vous son fils, vous me menacez de me livrer aux juges! C'est honteux, honteux! J'en rougis pour vous.

-Je ne sais pas à quoi vous faites allusion répondis-je. Il faut parler plus clairement si vous voulez que je vous comprenne.

-Pouvons-nous nous fier à lui ? dit-il en me montrant Ruben d'un brusque mouvement de tête.

-Comme à moi-même.

-Voilà qui est charmant! dit-il avec une grimace qui tenait du sourire et de la raillerie. David et Jonathan, ou... soyons plus classique et moins biblique, Damon et Pythias, hein ? Donc ces papiers viennent des fidèles qui habitent à l'étranger, des exilés de Hollande, vous m'entendez ? Ils songent à partir et à venir rendre visite au roi Jacques, leurs épées bouclées à la ceinture. Les lettres sont adressées à ceux dont ils espèrent la sympathie, et les informent de la date et de l'endroit où ils opéreront un débarquement. Maintenant, mon cher garçon, vous reconnaîtrez que ce n'est pas moi qui suis en votre pouvoir,