Page:Doyle - Les recrues de Monmouth, trad. Savine, 1911.djvu/30

Cette page n’a pas encore été corrigée

C'est ainsi qu'il priait, dans un flot emporté de paroles ardentes ou touchantes, qu'il se tordait prosterné sur le sol, en la véhémence de ces supplications, pendant que nous, pauvres mignons tremblants, nous nous serrions contre les jupes de notre mère, et que nous regardions avec épouvante sa figure bouleversée, à la faible lumière de la modeste lampe à huile.

Soudain retentit la sonnerie de l'horloge toute neuve de l'église, pour nous apprendre que l'heure était venue.

Mon père se releva brusquement, courut à la fenêtre, regarda au dehors, les yeux brillants de l'attente, vers les cieux étoilés.

Évoquait-il une vision à son cerveau excité, ou bien le flot des sensations qui l'assaillirent en voyant que son attente était vaine, était-il trop violent pour lui ?

Il leva ses longs bras, jeta un cri rauque et tomba à la renverse, l'écume aux lèvres, les membres agités par des secousses.

Durant une heure et plus, ma pauvre mère et moi, nous fîmes tous nos efforts pour le calmer, pendant que les petits pleurnichaient dans un coin.

À la fin, il se redressa en chancelant, et de quelques mots brefs entrecoupés, il nous renvoya dans nos chambres.

Depuis cette époque, je ne l'ai jamais entendu faire allusion à ce sujet, et il ne nous ap