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la longue pipe qui était sa consolation certaine dans les moments difficiles.

Au-dessous de lui, à la base du monolithe, pour employer le langage de nos savants, les deux énormes mâtins se dressaient de toute leur hauteur, faisaient des bonds, grimpaient sur le dos l'un et l'autre, dans leurs efforts enragés et impuissants pour atteindre l'impassible personnage qui était perché au-dessus d'eux, ils exhalaient leur rage et leur désappointement en faisant l'affreux vacarme qui avait fait naître en notre esprit de si terribles pensées.

Mais nous n'eûmes guère le temps de contempler cette scène étrange.

Dès notre apparition, les mâtins renoncèrent à leurs efforts inutiles pour atteindre Saxon et jetant un farouche grondement de satisfaction, ils s'élancèrent sur Ruben et sur moi.

Un grand animal, aux yeux flamboyants, à la gueule béante, aux crocs blancs luisant à la clarté de la lune, sauta à la gorge de mon cheval, mais je l'arrêtai tout net d'un coup lancé à tour de bras, qui lui trancha le mufle, et l'envoya rouler et se tordre dans une mare de sang.

Pendant ce temps, Ruben avait donné de l'éperon à son cheval pour aborder son ennemi, mais la pauvre bête fourbue faiblit à la vue du féroce mâtin et s'arrêta soudain, ce qui eut pour résultat de lancer son cavalier la tête en avant, et de le jeter