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Lorsque je passai, Zacharie Palmer était occupé à raboter une planche.

Il leva les yeux et me souhaita le bonjour.

-J'ai un livre pour vous, mon garçon, dit-il.

-Je viens justement de finir le Comus répondis-je, car il m'avait prêté le poème de Milton, mais quel est ce nouveau livre, papa ?

-Il a pour auteur le savant Locke, et il traite de l'État et de la science du gouvernement. C'est un tout petit ouvrage, mais si l'on pouvait mettre la sagesse dans une balance, il pèserait autant qu'une bibliothèque. Vous l'aurez dès que je l'aurai fini, peut-être demain ou après-demain. C'est un grand homme, Maître Locke. En ce moment n'erre-t-il point par les Pays-Bas plutôt que de fléchir le genou devant ce que sa conscience n'approuve pas ?

-Il y a bien des honnêtes gens parmi les exilés, n'est-ce pas ? dis-je.

-L'élite du pays, répondit-il. Un pays est bien malade quand il chasse au loin les plus grands et les plus braves de ses citoyens. Le jour approche, j'en ai peur, où chacun se verra contraint de choisir entre ses croyances et sa liberté. Je suis un vieillard, Micah, mon garçon, mais je puis vivre assez longtemps pour voir d'étranges choses dans ce royaume jadis protestant.

-Mais si ces exilés réalisaient leurs projets, objectai-je, ils mettraient Monmouth sur le trône,