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Ajoutez à cela une brosse à dents, et nous voilà équipés.

À Waterloo, nous eûmes la chance de trouver un train en partance pour Leatherlead, où nous louâmes, à l’auberge de la station, une voiture qui nous promena, l’espace de quatre à cinq milles, à travers les charmants chemins du Surrey. C’était par une délicieuse journée de printemps, égayée d’un beau soleil, que voilaient par instants quelques nuages floconneux. Les arbres et les haies du bord de la route commençaient à bourgeonner et l’air était imprégné de cette bonne odeur de terre humide. Quel étrange contraste entre le réveil de la nature si riche d’espérance et la sinistre besogne dans laquelle nous étions engagés. Mon compagnon, assis sur le devant de la voiture, avait les bras croisés, le chapeau sur les yeux et le menton baissé sur la poitrine ; il semblait perdu dans ses réflexions. Tout à coup, il tressaillit, me frappa sur l’épaule, et, étendant le doigt vers les prairies :

— Regardez, dit-il.

J’aperçus un parc touffu s’élevant en pente douce jusqu’à un bosquet. Entre les branches apparaissaient les pignons gris et le faîte élevé d’une très vieille demeure.

— Stoke Moran ? dit-il.

— Oui, m’sieur, c’est la maison du docteur Grimesby Roylott, répondit le cocher.