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ne suis pas sans reproche. On dit que je l’ai gâté. C’est bien possible. Quand j’eus perdu ma femme bien-aimée, cet enfant était tout ce qui me restait au monde. Je ne pouvais supporter de le voir soucieux un seul instant. Je ne lui ai jamais rien refusé. Peut-être aurait-il mieux valu pour nous deux que j’eusse été plus sévère, et si je n’ai pas réussi à le bien élever, du moins avais-je bonne intention.

Je désirais naturellement qu’il me succédât à la Banque, mais il n’avait pas l’esprit tourné aux affaires. Il était violent, entêté, et pour dire la vérité, je ne pouvais lui confier de grosses sommes d’argent. Il devint membre d’un cercle aristocratique, où, grâce à ses charmantes manières, il se fit l’ami intime d’une quantité de jeunes gens ayant de grosses fortunes et des habitudes dispendieuses. Il se mit à jouer gros jeu, et à parier aux courses, si bien qu’il dut souvent avoir recours à moi pour payer des dettes d’honneur. Il essaya plusieurs fois de quitter cette dangereuse compagnie, mais chaque fois l’influence de son ami, sir George Burnwell l’y ramena.

Et vraiment, je ne m’étonne pas qu’un homme comme sir George Burnwell ait pris une telle influence sur lui, car il venait souvent chez moi, et j’avoue qu’il me plaisait infiniment. Il est plus âgé qu’Arthur, et est homme du monde jusqu’au