Page:Doyle - Les Aventures de Sherlock Holmes.djvu/172

Cette page a été validée par deux contributeurs.

essoufflé, toujours gesticulant, mais avec une telle expression de chagrin et de désespoir, que cessant de rire nous fûmes saisis d’horreur et de pitié. Pendant quelques minutes il lui fut impossible de parler ; il se balançait de droite à gauche et s’arrachait les cheveux comme un homme qui a perdu la raison… Puis soudain se levant d’un bond, il se jeta la tête contre le mur avec une telle violence, que nous dûmes nous précipiter sur lui et le garder de force au milieu de la pièce. Sherlock Holmes le fit asseoir dans un fauteuil, se plaça à côté de lui, et lui frappant dans la main, tâcha de le réconforter avec ce ton enjoué qu’il savait si bien employer.

— Vous êtes venu pour me dire votre histoire, n’est-ce pas ? Vous êtes fatigué par votre course. Attendez que vous vous soyez remis, et alors nous serons trop heureux d’étudier le petit problème que vous nous aurez exposé.

La poitrine haletante, l’homme luttait encore contre son émotion. Enfin, passant son mouchoir sur son front, il serra les lèvres et nous regarda.

— Vous devez me croire fou ! dit-il.

— Je vois que vous êtes sous le coup de quelque grand malheur, répondit Holmes.

— Ah ! Dieu sait ! – un malheur si soudain et si terrible que c’est à en devenir fou. J’aurais pu supporter un déshonneur public, quoique je