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dans tout ceci. Pour ma part, je voudrais que l’Europe et l’Amérique entière connussent la vérité.

L’homme qui parlait ainsi était petit, sec, brûlé par le soleil, avec un visage intelligent, et des manières brusques.

— Eh bien ! je vais tout vous dire, reprit sa femme. Nous nous sommes connus, Frank et moi, en 81, au camp de Mac Quire, auprès des Montagnes Rocheuses, où p’pa travaillait dans une concession. Nous nous fiançons, mais voilà qu’un jour p’pa tombe sur un riche filon, et se fait un sac énorme, pendant que ce pauvre Frank, lui, ne trouvait rien dans sa concession.

Plus p’pa devient riche, plus Frank devient pauvre, si bien qu’à la fin p’pa ne voulut plus entendre parler de mariage et m’emmena à Frisco. Mais Frank ne voulait pas me lâcher, alors il me suivit et nous continuâmes à nous voir sans que p’pa le sût. Ça l’aurait rendu fou, et nous nous cachions de lui. Puis Frank me dit qu’il allait travailler à se faire un sac aussi, et qu’il ne viendrait jamais me chercher tant qu’il ne serait pas aussi riche que p’pa. Je lui promis de l’attendre indéfiniment, et de ne pas me marier tant qu’il vivrait.

— Pourquoi ne pas demander à un pasteur de nous marier tout de suite ? dit-il ; je n’exigerai