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LE MONDE PERDU

ROMAN INÉDIT DE Conan Doyle

Traduit de l’anglais par LOUIS LABAT[1]

UN INDIEN ACCALA GARDANT SON BÉTAIL

Nous avions appris à ne voir dans les énormes iguanodons qu’un bétail domestique, ayant ses propriétaire et entretenu pour la boucherie. (Page 821, col 2.)

CHAPITRE XIV (suite)

Dans les yeux de Challenger brillait le désir du meurtre.

— Nous avons eu, s’écria-t-il en se carrant comme un coq de combat, le privilège d’assister à un événement type, à une de ces batailles décisives qui ont déterminé le sort du monde. Qu’est-ce, mes amis, que la conquête d’un pays par un autre ? Cela n’a pas de sens. Le résultat reste le même. Mais quand, à l’aube des âges, l’habitant des cavernes, dans une rencontre furieuse comme celle-ci, se mesurait avec le tigre ou donnait son premier maître à l’éléphant, alors se réalisaient les vraies conquêtes, celles qui comptent. C’est à une victoire de ce genre qu’un caprice du destin nous a permis de concourir. Désormais, sur ce plateau, l’avenir appartient à l’homme.

Il fallait une foi robuste dans la fin pour justifier de si tragiques moyens. À mesure que nous avancions, nous découvrions, couchés par tas, les cadavres des hommes-singes abattus à coup de flèches ou de lances. De loin en loin, un petit groupe



RÉSUMÉ DES NUMÉROS PRÉCÉDENTS (Je sais tout, nos 106 à 112)

Édouard Malone, rédacteur à la Daily Gazette, n’obtiendra la main de la charmante Gladys Henderson que s’il se distingue par quelque action éclatante et rare. C’est pour en trouver l’occasion qu’il s’est offert à être membre d’un comité chargé d’explorer une étrange région où subsistent, selon les dires incroyables du professeur Challenger, des représentants vivants de la faune des premiers âges du monde, et qu’il s’est embarqué pour le Sud-Amérique. Les autres membres de l’expédition sont M. Summerlee, vieux professeur d’anatomie comparée, et John Roxton, voyageur et chasseur de réputation universelle. Les trois hommes, et Challenger qui les a rejoints à Manaos, parviennent, après un pénible voyage à travers la forêt vierge, aux confins du « Monde perdu », vaste plateau circonscrit par de hautes falaises qui défient absolument l’ascension. Ils font de vains efforts pour trouver une brèche dans cette énorme muraille circulaire. Enfin, Challenger s’avise d’un moyen héroïque. En face de la falaise se dresse une aiguille rocheuse d’égale élévation, dont l’escalade est, sinon facile, du moins possible, et qui est surmontée d’un hêtre. Cet arbre, abattu, servira de pont. En effet, l’opération


  1. Copyright by Louis Labat, 1913-1014.