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c’est ce que dira l’avenir ; mais on peut, je crois, conjecturer avec certitude que jamais les choses ne redeviendront les mêmes. Nul ne mesure pleinement sa faiblesse, son ignorance, et la dépendance où il est d’une main invisible, si, pendant une minute, cette main n’a semblé vouloir se fermer sur lui pour le broyer. La mort nous a tenus sous sa menace. Rien n’empêche qu’elle ne nous y tienne encore. Sa morose présence jette une ombre sur notre vie. Mais qui pourrait douter qu’à la faveur de cette ombre le sentiment du devoir, de la règle, de la responsabilité, la juste appréciation du sérieux et des fins de la vie, le désir ardent de s’accroître en perfection, n’aient augmenté en nous et pris de la réalité jusqu’à soulever comme un ferment la société tout entière ? C’est quelque chose en dehors des églises et des dogmes, un changement de perspective, le déplacement du sens des proportions,