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dans ce monde converti en cimetière ? Jamais, depuis l’aube des temps, pareille question avait-elle pu se poser à des hommes ? Il est vrai que nous avions de quoi pourvoir dans l’avenir à tous nos besoins physiques. Le superflu même nous était assuré. Magasins de vivres, provisions de vins, trésors d’art, tout nous appartenait, nous n’avions qu’à le prendre. Mais, pour le moment, qu’allions-nous faire ? Nous avions à portée de la main plusieurs petites besognes. Nous descendîmes dans la cuisine et nous couchâmes sur leurs lits les deux domestiques : il semblait qu’ils fussent morts sans souffrance, l’un sur une chaise près du feu, l’autre sur le plancher de l’office. Puis nous allâmes relever dans la cour le pauvre Austin. La mort avait rendu ses muscles durs comme bois, la contraction des fibres imprimait à sa bouche un rictus sardonique. C’était d’ailleurs un