Page:Doyle - La nouvelle chronique de Sherlock Holmes, trad Labat, 1929.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
DE SHERLOCK HOLMES

— Affaire de métier.

— Eh bien ! vous avez encore raison. Mais quelques jours plus tard elle épousait M. Browner. Il servait sur la ligne Sud-Américaine au moment où fut faite cette photographie. Très épris de sa femme, il ne put supporter d’en être longtemps séparé, et il passa sur l’un des bateaux de la ligne Liverpool-Londres.

— Ah ! le Conqueror, peut-être ?

— Non, le May-Day, d’après mes derniers renseignements. Il vint me voir ici un jour. C’était avant qu’il rompît son engagement. Une fois débarqué, il s’adonna à la boisson, et il lui en fallait peu pour perdre la tête. Ah ! ce fut un triste jour que celui où il se mit à boire. Il commença par s’en prendre à moi, puis il se tourna contre Sarah ; maintenant que Mary a cessé de nous écrire, nous ne savons plus comment vont les choses.

Miss Cushing touchait là, évidemment, à un sujet pénible. Elle nous donna force détails sur son beau-frère le steward ; puis elle s’étendit sur le compte de ses anciens locataires, les étudiants en médecine ; elle nous conta longuement leurs méfaits, elle nous dit leurs noms et les hôpitaux auxquels ils étaient attachés. Holmes l’écoutait avec une attention soutenue, en interposant une question de temps à autre.

— Mais votre seconde sœur ? dit-il. Je ne comprends pas qu’étant, miss Sarah et vous, restées toutes deux célibataires, vous n’habitiez pas ensemble.

— Vous le comprendriez si vous connaissiez le caractère de Sarah. En venant à Croydon, j’ai essayé de la vie commune avec elle ; mais, il y a deux mois, nous avons dû nous séparer. Sans vouloir médire de ma sœur, je vous avouerai que c’est une personne encombrante et d’humeur incommode.