Page:Doyle - La nouvelle chronique de Sherlock Holmes, trad Labat, 1929.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.
64
LA NOUVELLE CHRONIQUE

une fureur sauvage, sans le dépouiller de ses plumes. Holmes nous montra la caroncule au-dessus de la tête déchiquetée.

— Un coq blanc, dit-il. Très intéressant. L’affaire est vraiment curieuse.

Mais M. Baynes nous réservait pour la fin sa plus lugubre exhibition. Il tira de dessous l’évier un seau de zinc plein de sang, puis il prit sur la table une jatte de bois sur laquelle s’amoncelaient de petits fragments d’os carbonisés.

— Ces débris proviennent du fourneau. Au dire d’un médecin que nous avions amené ce matin, ils ne sont pas d’un homme. On a donc tué et brûlé une bête.

Holmes sourit en se frottant les mains.

— Inspecteur, il faut que je vous félicite de la façon dont vous menez cette affaire si particulière et si instructive. Vous me paraissez, soit dit sans offense, avoir plus de capacités que d’occasions de les exercer.

Les petits yeux de Baynes clignotèrent de plaisir.

— Le fait est, monsieur Holmes, que nous croupissons en province. Une affaire de cette espèce, c’est une chance pour un homme, et j’espère la mettre à profit. Que pensez-vous de ces os ?

— Qu’ils m’ont l’air d’être ceux d’un mouton, par exemple, ou d’un chevreau.

— Quant au coq blanc ?

— Curieux, monsieur Baynes, très curieux. Je dirais presque unique.

— Oui, monsieur, il devait y avoir dans cette maison des gens bien étranges, et qui se livraient à d’étranges pratiques. L’un d’eux est mort. Les autres l’ont-ils suivi et tué ? Dans ce cas, nous ne devrions pas manquer de les prendre, car tous les ports sont surveillés. Mais j’envisage différemment les choses. Oui,