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LA NOUVELLE CHRONIQUE

quillement, bien tranquillement, jusqu’à Scotland Yard ; là, vous pourrez envoyer chercher votre ami le baron von Herling, et voir s’il vous est encore permis de prendre la place qu’on vous réserve dans la suite de l’ambassade. Quant à vous, Watson, j’ai cru comprendre que vous repreniez du service, de sorte que Londres est sur votre chemin. Restez avec moi sur la terrasse, car il peut se faire que nous n’ayons pas d’autre occasion de causer librement.

Les deux amis bavardèrent à cœur ouvert quelques minutes, évoquant une fois de plus les souvenirs du passé, cependant que leur prisonnier se démenait entre ses cordes. Au moment où ils s’en revenaient vers l’automobile, Holmes, d’un geste, montra, la mer illuminée par le clair de lune, et hocha la tête.

— Le vent souffle de l’est, Watson.

— Je ne crois pas, Holmes. Il est très chaud.

— Mon bon, mon cher Watson ! seul point fixe au milieu d’une époque qui change ! Oui, c’est bien de l’est tout de même que souffle le vent, et un vent comme il n’en est encore jamais passé sur l’Angleterre. Il sera glacial et âpre ; peut-être sera-t-il mortel pour beaucoup d’entre nous. N’importe, c’est le vent de Dieu, et il y aura sous le soleil une terre purifiée, améliorée, revivifiée, le jour où s’apaisera la tempête. En marche, Watson ! il est temps de partir. J’ai un chèque de cinq cents livres qu’il faut que je touche au plus vite, car le tireur — cet animal que voici — serait bien capable d’y mettre opposition s’il en trouvait le moyen.


FIN




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