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DE SHERLOCK HOLMES

Le coffre-fort était entre-bâillé, Holmes en retirait les dossiers un par un, les examinait d’un coup d’œil, puis les rangeait avec soin dans la valise de von Bork.

Allongé sur le divan, l’Allemand faisait entendre un ronflement sonore. Une courroie lui liait le sommet des bras, une autre les jambes.

— Rien ne nous presse, Watson. Nous n’avons pas à craindre qu’on nous dérange. Voulez-vous prendre la peine de sonner ? Il n’y a plus dans la maison que la vieille Marthe, qui a joué admirablement son rôle. C’est moi qui lui ai procuré ici sa place le jour où j’ai pris l’affaire en mains. Eh bien, Marthe, vous allez être contente, tout va pour le mieux.

L’aimable vieille venait d’apparaître. Elle fit, en souriant, la révérence à Holmes, non sans se défendre de diriger un regard inquiet vers le divan.

— Rassurez-vous, il n’a aucun mal.

— J’en suis heureuse, monsieur Holmes. À son point de vue, il s’est conduit envers moi comme un bon maître. Il voulait, hier, me faire partir pour l’Allemagne avec sa femme, mais cela contrariait vos projets, n’est-ce pas ?

— En effet, Marthe. Tant que je vous savais là, j’étais tranquille. Nous avons un peu attendu votre signal ce soir.

— Il y avait le secrétaire, monsieur, le grand gentleman venu de Londres.

— Vous ne m’apprenez rien. Son auto a croisé la nôtre. Sans votre talent de chauffeur, Watson, nous symbolisions proprement l’Europe écrasée par le Jaggernaut prussien. Et alors, Marthe ?

— Je croyais qu’il ne s’en irait pas. Je me figurais bien que vous ne teniez pas à le rencontrer.

— Sans doute. Et c’est pourquoi nous avons attendu