Page:Doyle - La nouvelle chronique de Sherlock Holmes, trad Labat, 1929.djvu/233

Cette page a été validée par deux contributeurs.
233
DE SHERLOCK HOLMES

contre l’Angleterre, et l’homme de sport que vous êtes cache le plus roublard des agents secrets qu’il y ait en Europe. Génie, mon cher von Bork, génie !

— Vous me flattez, baron. Il est vrai, au demeurant, que les quatre années que j’ai passées dans ce pays n’auront pas été improductives. Je ne vous ai jamais montré ma petite collection de documents. Cela vous dérangerait-il d’entrer pour une minute ?

La porte du cabinet de travail donnait sur la terrasse. Von Bork l’ouvrit et, passant le premier, toucha le commutateur. Puis il referma la porte derrière la haute silhouette qui le suivait et tendit avec soin le lourd rideau contre la fenêtre treillagée. Alors seulement, toutes ses précautions prises, il tourna vers son hôte un visage d’aigle brûlé par le soleil.

— J’ai déjà expédié quelques-uns de mes papiers, dit-il. Ma femme et mes gens, partis hier pour Flushing, se sont chargés des plus importants. Pour les autres, je réclamerai la protection de l’ambassade.

— Tout est réglé. Vous figurez sur la liste des personnes à la suite. Vous n’éprouvez de difficultés ni pour vous ni pour vos bagages. Sans doute il se peut que nous n’ayons pas à partir et que l’Angleterre abandonne la France à son destin. Nous sommes sûrs qu’il n’y a pas de traité entre elles.

— Et la Belgique ?

— Oh ! là aussi, nous sommes tranquilles.

Von Bork hocha la tête.

— Il y a un traité formel en ce qui la concerne. Ne pas intervenir serait, pour l’Angleterre, la fin de tout. Jamais elle ne se relèverait de cette honte.

— Du moins, elle aurait la paix pour le moment.

— Mais l’honneur ?

— Bah ! cher monsieur, nous vivons à une époque