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DE SHERLOCK HOLMES

garder éternellement sous clef. Reste, comme solution du problème, l’assassinat.

Maintenant, changeons de raisonnement. En suivant deux ordres de pensées bien distincts, Watson, vous trouverez toujours un point d’intersection proche de la vérité. Laissons de côté lady Frances : considérons l’incident du cercueil, et déduisons. Cet incident, je le crains, prouve qu’indubitablement lady Frances est morte. Il prouve aussi qu’on s’apprête à lui faire des obsèques régulières, sous la garantie d’un certificat médical et de toutes les sanctions officielles. Eût-on assassiné la dame, on l’eût enterrée dans un trou de l’arrière-jardin. Mais tout se fait franchement, normalement. Qu’est-ce à dire ? Qu’on lui aura donné la mort de façon à tromper le médecin, en simulant une fin naturelle. Comment ? Peut-être par le poison. Encore semble-t-il bien étrange qu’on ait laissé un médecin l’approcher, à moins que ce ne fût un complice ; mais j’ai peine à le croire.

— N’aurait-on pas forgé un certificat médical ?

— Dangereux, Watson, dangereux. Non, je ne vois pas mes gens s’y risquer. Arrêtez, cocher ! Voici évidemment le magasin de l’entrepreneur de pompes funèbres, car nous venons de dépasser la boutique du prêteur. Voulez-vous entrer, Watson ? Vous avez une mine qui inspire confiance. Demandez à quelle heure doivent se faire les obsèques de Pultney Square.

La dame de la boutique me répondit, sans hésitation, qu’elles auraient lieu à huit heures du matin.

— Vous voyez bien, Watson, pas de mystère. On jette tout par-dessus bord. Incontestablement, on s’est arrangé pour observer les formes légales. On pense n’avoir pas grand’chose à craindre. Eh bien ! je ne vois qu’un moyen d’intervenir : c’est d’attaquer directement, de front. Êtes-vous armé ?