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LA NOUVELLE CHRONIQUE

d’un couple infernal, qui ne reculera devant aucune extrémité, Watson. Il n’y aurait rien d’invraisemblable à ce qu’elle fût déjà morte. Dans le cas contraire, nul doute qu’on ne la tienne enfermée et qu’on ne l’empêche d’écrire tant à miss Dobney qu’à ses autres amis. Il se peut qu’on ne l’ait pas laissée arriver jusqu’à Londres, ou qu’elle n’ait fait qu’y passer. Mais la première de ces deux hypothèses me paraît improbable, car la police du continent tient trop bien ses registres pour que les étrangers jouent aisément avec elle ; et je ne fais pas un très grand cas de la seconde, car, pour séquestrer quelqu’un, ces misérables ne sauraient trouver une retraite mieux choisie que Londres. Tous mes instincts m’affirment donc qu’elle est à Londres ; cependant, comme nous n’avons, jusqu’ici, aucun moyen d’en dire plus, contentons-nous de prendre les mesures qui s’imposent. Dînons, et armons-nous de patience. Dans la soirée, j’irai faire un tour, et causer, à Scotland Yard, avec mon ami Lestrade.

Mais ni la police officielle ni la petite organisation très efficace d’Holmes ne suffirent à élucider le mystère. Dans cette foule de plusieurs millions d’individus qui constitue la population de Londres, les trois personnes que nous recherchions étaient aussi complètement perdues que si jamais elles n’avaient existé. Nous publiâmes des annonces dans les journaux, sans résultat. Nous suivîmes diverses pistes, qui n’aboutirent point. On fouilla vainement les milieux suspects où pouvait fréquenter Schlessinger. On surveilla ses anciens affiliés, sans arriver à surprendre entre eux et lui aucun rapport. Et, soudain, après une semaine d’attente désespérée, une faible lueur déchira les ténèbres. Un vieux pendant d’oreilles espagnol, en argent et en brillants, avait été engagé chez un prêteur du nom de Bevington,