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DE SHERLOCK HOLMES

nous partîmes pour notre expédition. Chemin faisant, nous nous renforçâmes de Lestrade et de Mycroft, à qui nous avions donné rendez-vous devant la station de Gloucester Road. La porte de service du logis d’Oberstein était restée ouverte depuis la veille ; mais comme Mycroft Holmes refusait avec indignation d’escalader la clôture, je dus entrer le premier pour lui ouvrir la porte du vestibule. À neuf heures, nous étions tous installés dans le cabinet de travail, attendant notre homme.

Une heure passa, puis une autre. Quand l’horloge de la grande église voisine battit onze coups, nous crûmes entendre le glas de nos espérances. Lestrade et Mycroft ne tenaient pas en place, deux fois par minute ils consultaient leurs montres. Holmes était silencieux, calme, les paupières à demi closes, mais tous les sens en éveil. Soudain, il releva la tête.

— Le voilà qui arrive, fit-il.

Un pas furtif s’était fait entendre à la porte extérieure. Il s’éloigna, revint, suivi d’une sorte de piétinement indécis, enfin la porte résonna sous un double choc du marteau. Le gaz, dans le hall, ne donnait qu’un point de flamme. Holmes, qui était allé ouvrir, s’effaça devant une forme noire. Aussitôt, refermant la porte, l’assujettissant au verrou :

— Par ici, dit-il.

Le visiteur apparut devant nous. Un cri de surprise lui échappa. Il voulut fuir ; Holmes, accouru sur ses talons, l’empoigna au collet. Nous ne lui laissâmes pas le temps de se remettre. Il promena autour de lui des yeux hagards, chancela, tomba sans connaissance. Dans sa chute, son chapeau roula sur le parquet, le cache-nez qui l’emmitouflait glissa de son menton ; à sa large barbe soyeuse et fine, à ses traits