Page:Doyle - La nouvelle chronique de Sherlock Holmes, trad Labat, 1929.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
DE SHERLOCK HOLMES

l’affaire me paraît être d’une nature assez exceptionnelle. Êtes-vous allé là-bas, monsieur Roundhay ?

— Non, monsieur Holmes, non. Je ne sais que ce que m’a rapporté M. Tregennis à son retour. Nous sommes venus pour vous consulter tout de suite.

— À quelle distance est la maison où s’est produit l’événement ?

— À un mille environ dans les terres.

— Nous nous y rendrons tous ensemble ; mais d’abord j’ai à vous poser quelques questions, monsieur Mortimer Tregennis.

M. Tregennis avait, jusque-là, gardé le silence. Il ne m’échappait point que son agitation, plus surveillée, plus discrète, était néanmoins plus grande que celle du vicaire. Pâle, les traits tirés, il fixait sur mon ami un regard d’angoisse ; ses deux mains s’étreignaient convulsivement l’une l’autre, ses lèvres blêmes tremblaient pendant le récit du malheur sans exemple survenu à sa famille ; dans ses yeux persistait un reflet de l’horreur qu’ils avaient vue.

— Demandez-moi ce qu’il vous plaira, monsieur Holmes. Le sujet m’est pénible, mais je parlerai en toute franchise.

— Racontez-moi la soirée d’hier.

— Eh bien, comme vous l’a dit le vicaire, j’avais soupé en famille. Le repas terminé, mon frère aîné Georges proposa une partie de whist. Il était environ neuf heures. À dix heures et quart, je me levai pour partir. Je laissai les miens dans la salle à manger, autour de la table, tous aussi gais que possible.

— Qui vous reconduisit ?

— Personne. Mrs. Porter était déjà couchée, j’allai donc seul à la porte et la refermai derrière moi. La fenêtre de la salle à manger était close, mais on n’avait