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-J'ai une planche défoncée et neuf pieds d'eau dans la cale. C'est venu plus vite que je ne puis me l'expliquer. À la vérité, ami, voilà bien des jours que je ne suis propre à tenir la mer, et il est temps que je sois condamné et mis au rebut.

Mon père hocha la tête avec tristesse, en remarquant la teinte sombre de son visage et sa respiration embarrassée.

-En quel état est votre âme? demanda-t-il.

-Ah! oui, dit Salomon, c'est là une cargaison que nous transportons sous nos écoutilles, sans être en état de la voir et nous n'avons pas donné de coup de main pour son arrimage. Je viens de repasser les ordres de mise à la voile que voici et les dix articles de guerre, mais je ne trouve pas, il me semble, que je me sois écarté de ma route au point de n'avoir pas à espérer de rentrer dans la passe.

-N'ayez pas confiance en vous-même, mais en Christ, dit mon père.

-C'est lui le pilote naturellement, répondit le vieux marin. Mais quand j'avais un pilote à bord, je ne manquais jamais selon mon habitude d'avoir l'oeil au grain, voyez-vous, et c'est ce que je ferai à présent. Le pilote ne vous en estime pas moins pour cela. Aussi je vais jeter de mon côté ma ligne de sonde, bien qu'on me dise qu'il n'y a de fond nulle part dans l'Océan de la miséricorde de Dieu. Dites-moi, ami, pensez-vous que ce