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j'avais cessé mon service auprès du duc, qui avançait avec l'infanterie, pour me transporter près de la cavalerie, d'autant plus que l'on comptait qu'elle serait la première, ce matin-là, à engager l'action en faisant irruption et mettant le désordre dans le camp ennemi. Jusqu'au moment où nos bataillons devaient arriver, je fis tous les efforts dont j'étais capable, car non seulement je frappai plusieurs soldats qui avaient abandonné leur poste, mais encore je réprimandai vivement quelques-uns des capitaines pour manquer à leur devoir. Mais je parlai avec la plus grande chaleur à Mylord Grey et le conjurai de charger et de ne pas souffrir que la victoire, dont notre infanterie s'était en quelque sorte saisie, nous fût arrachée. Mais lui, au lieu d'écouter, se conduisit en homme indigne et en lâche poltron, déserta cette partie du champ de bataille, et abandonna son commandement, et en outre partit à fond de train vers le Duc, en lui disant que tout était perdu et qu'il n'était que temps pour lui de se tirer d'affaire. Et par-là, en outre de tout le mal qu'il avait déjà occasionné, il décida le léger et malheureux gentilhomme à quitter les bataillons, alors que ceux-ci étaient occupés à disputer courageusement à qui remporterait la victoire. Et cela survint fort mal à propos, au moment même où une certaine personne cherchait à trouver le Duc pour lui demander instamment de venir charger à la tête de ses troupes. Mais ce que j'ose affirmer, c'est que si ce Duc avait eu sous la main seulement deux cents cavaliers, bien montés, bien équipés, vaillants de leur personne, et commandés par des officiers expérimentés, ils auraient été victorieux. Cela est reconnu par nos ennemis, qui ont souvent avoué qu'ils avaient été sur le point de prendre la fuite, après les attaques faites sur eux par notre infanterie, et qu'ils auraient été battus, si notre cavalerie avait rempli son rôle, au lieu d'attendre dans l'inertie, à regarder sans agir jusqu'à ce que la cavalerie eût rétabli le combat, en tombant sur les derrières de nos bataillons. Et il ne faut point s'en prendre aux simples soldats, qui auraient eu le courage de suivre leurs chefs, mais à ceux-là même qui les commandaient, et en particulier à Mylord Grey, que l'on a tout droit d'accuser d'avoir trahis notre cause, si tant est qu'on puisse appeler la lâcheté du nom de trahison.» _Extrait d'un Manuscrit du docteur Ferguson_, cité dans le livre intitulé _Ferguson le conspirateur_, ouvrage intéressant d'un de ses descendants en droite ligne, avocat à Édimbourg. (Note de l'auteur).</ref>.

Si vous entendez dire ou si vous lisez, mes chers enfants, que la révolte de Monmouth fut aisément domptée ou que c'était dès le début une entreprise désespérée, rappelez-vous que