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grande habileté, avaient du moins assez de courage pour se conduire honorablement, s'ils n'avaient pas, faute d'un guide, rencontré l'obstacle sus-mentionné, il n'y eut pas dans tous les autres escadrons, un seul qui se soit lancé à la charge, ou se soit même approché de l'ennemi, assez pour donner ou recevoir une blessure. M. Hacker, l'un de nos capitaines, ne fût pas plus tôt à portée de voir leur camp qu'il eut la vilenie de tirer un coup de pistolet pour leur donner avis de notre approche. Après quoi il abandonna sa charge, et partit à fond de train, pour s'assurer le bénéfice d'une proclamation du Roi, offrant le pardon à tous ceux qui retourneraient chez eux avant un temps fixé. Il fit valoir tout cela à son procès, mais à cela Jeffreys répondit qu'il méritait plus que tous autres d'être pendu, et cela pour sa perfidie envers Monmouth, comme pour sa trahison à l'égard du Roi. Et bien qu'aucun autre officier ne se soit conduit avec autant d'ignominie, néanmoins ils furent inutiles et ne se rendirent aucun service, attendu qu'ils n'essayèrent pas même de charger une fois, et ne conserveront point leurs hommes réunis, et j'ose affirmer que si notre cavalerie n'avait pas tiré un seul coup de pistolet, qu'elle se fût bornée à se tenir en position, de façon à donner à l'ennemi inquiétude et appréhension, l'infanterie aurait su à elle seule, aurait gagné la bataille, et aurait triomphé. Mais notre cavalerie se tenant dispersée et désunie, et fuyant toutes les fois qu'approchait un escadron de la leur, que commandait Oglethorpe, donna un avantage à ce corps car l'ennemi, après avoir parcouru en tous sens le champ de bataille sans juger nécessaire d'attaquer des gens que leurs propres craintes avaient éparpillés, cela lui permit d'attaquer enfin par derrière nos bataillons et d'arracher la victime de leurs mains prêtes à la saisir, et qui déjà étaient sur le point de l'avoir. En outre, cette troupe de leur cavalerie ne se montait pas à plus de trois cents hommes, tandis que nous en aurions eu plus qu'il ne nous en fallait, s'ils avaient eu quelque courage et avaient été commandés par un galant homme pour les attaquer à la fois de front et de flanc. Voilà ce que j'affirme avec d'autant plus de conviction, que j'en fus le témoin attristé, car contrairement à mon habitude,