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-Et selon toute vraisemblance, elle sera votre dernière, remarqua-t-il avec une franchise militaire. À ce que j'ai entendu dire, le Conseil Privé se propose de faire un exemple tel qu'il découragera les Whigs pour une vingtaine d'années au moins. On fait venir de Londres un homme de loi dont la perruque est plus à craindre que nos casques. Il fera périr plus d'hommes en un jour qu'un escadron de cavalerie en dix milles de poursuite. Par ma foi, j'aime mieux qu'ils se chargent eux-mêmes de cette besogne de bouchers. Voyez ces arbres là-bas. C'est une bien mauvaise saison quand de tels glands poussent sur les chênes anglais.

-C'est une mauvaise saison, dis-je, quand des gens qui se prétendent chrétiens exercent une telle vengeance sur de pauvres et simples paysans, qui n'ont fait autre chose que ce que leur commandait leur conscience. Que les chefs et les officiers pâtissent, ce n'est que juste. Ils ont joué pour gagner en cas de succès et ils ont à payer l'amende maintenant qu'ils ont perdu. Mais cela me fend le coeur de voir ainsi traité ces pauvres et pieux campagnards.

-Oui, il y a du vrai dans cela, dit le sergent. Maintenant, si ces pécheurs au langage nasillard, aux longues tignasses, béliers qui mènent le troupeau au son de leur clochette, étaient ceux qui ont mené leurs ouailles au diable, ce serait une autre affaire. Pourquoi ne veulent-ils pas se