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re, et se coucha, les lèvres pâles murmurant toujours sa prière[1] .


Nous ne pouvions pas faire grand'chose pour le secourir. D'ailleurs notre halte aurait peut-être attiré vers sa retraite les gens lancés à la poursuite.

Nous lui jetâmes donc un flacon à moitié plein d'eau et nous reprîmes notre course rapide.

Oh! la guerre, mes enfants, comme c'est chose terrible! Comment des hommes se laissent-ils séduire, prendre au piège par des costumes recherchés, par des coursiers bondissants, par les vains mots d'honneur et de gloire, au point d'oublier, grâce à l'éclat extérieur, au clinquant, à l'apparat, la réelle, l'effrayante horreur de cette chose maudite?

Qu'on ne songe point aux escadrons éblouissants, aux fanfares des trompettes qui réveillent les courages, qu'on songe plutôt à cet homme perdu sous l'ombre des aulnes et à l'acte qu'il accomplissait en un siècle, en un pays chrétien.

Amèrement, moi qui ai grisonné sous le harnais, et vu autant de champ de bataille que je compte d'années dans ma vie, je devrais être le dernier à prêcher sur ce sujet, et pourtant, il m'est aisé de bien voir que s'ils sont

  1. Note 1: L'incident est historique et peut servir à montrer quelle sorte d'hommes étaient ceux qui apprirent la guerre à l'école de Cromwell. (Note de l'auteur).